mardi 16 avril 2019

Générations Futures pollue sélectivement les cours d’eau français




Certains organes de presse publient sans aucun recul une étude de Générations Futures qui a été reprise par l’AFP. Aucun commentaire sur la méthode, sur les sources des données, sur les taux retrouvés. Cette presse et l’AFP font totalement le jeu de Générations Futures. Avec un œil sur la Bretagne, je note que ni le Télégramme, ni Ouest-France n’ont repris cette information, qui plus est, Ouest-France relate des événements mondiaux qui sont largement passés sous silence dans des grands titres Français.


Quel est cet organisme ? Créée en 1996 par Georges Toutain (ingénieur agronome à l’INRA), et François Veillerette (enseignant), agréé par le Ministère de l’Écologie en 2008 et renouvelé en 2014, elle bénéficie de 2 pages Wikipédia. Sur l’une d’elles est annoncée : « Elle a pour but notamment de soutenir une agriculture durable en opposition à l’agriculture intensive utilisant des pesticides et engrais de synthèse. Ce soutien passe par des actions contre des multinationales de l’agrochimie et des organisations ou personnes responsables de pollutions. » Sur le site de celle-ci, rien de tel, on passe tout de suite aux « actions ».


Nommons-là comme elle devrait l’être, cette officine est financée par l’agro-industrie du Bio, elle ne s’en cache pas, c’est détaillé dans « Nos partenaires » et sa présidente est Maria Pelletier, présidente directrice générale de Moulin Marion (Meunerie bio, nutrition animale bio et conseil en agrobiologie/Collecte et stockage) au capital social de 1 034 320 €.


Cette structure a parfaitement le droit de réaliser des « études » comme bon lui semble et de les diffuser, mais il serait bon qu’en préalable elle annonce la couleur de sa démarche orientée vers la promotion de l’agriculture dite biologique.

L’étude en question est librement téléchargeable sur son site, le lien est en bas d’article.

Tout est déjà dans le titre, mais la presse reprend sans aucun recul : « Présence des pesticides perturbateurs endocriniens suspectés dans les eaux de surface en France »

La méthode est sélective et Générations Futures n’a réalisé aucune analyse :

« Pour obtenir ces données, nous avons tout d'abord établi, parmi les pesticides autorisés ou non, répertoriés dans la base de données de l’Union européenne (EU pesticides database), lesquels étaient suspectés d'être des perturbateurs endocriniens, en utilisant la base TEDX. Dans un second temps, nous avons déterminé, parmi ceux-ci, lesquels avaient été analysés par les agences de l'eau et répertoriés dans la base de données Naïades. »

Elle ne concerne que les pesticides « suspectés » d’être des perturbateurs endocriniens, pas de médicaments donc, alors que ceux-ci sont les plus importants perturbateurs endocriniens présents dans les rivières, en particulier la progestérone, c’est-à-dire la pilule contraceptive. Bien d’autres médicaments humains se retrouvent dans l’eau des rivières, étrangement, ce phénomène est bien plus signalé (en français) au Québec qu’en Europe. Pourtant, notre plus grande densité de population doit mécaniquement consommer une plus grande quantité de médicaments, dont l’élimination se fait par les voies naturelle, et se retrouve donc dans nos rivières. Oubliés aussi les hydrocarbures et beaucoup d’autres.

Aucun taux n’est fourni, alors que les agences de l’eau d’où ces données sont extraites les diffusent librement, mais il faut chercher. Seule la présence ou non d’une des 232 substances répertoriées dans cette étude sont comptées. On ne sait s’il s’agit de traces infinitésimales à la limite de la détection par les analyses, ou de présence massive, ce n’est quand même pas la même chose.

Cette publication est destinée à faire peur, et ça fonctionne, un grand nombre de Français survolant les articles et se contentant souvent des titres et des textes mis en évidence.

Peut-on espérer une déontologie de la presse en présence de publications à caractère plus politique que scientifique ?

L’étude de 10 pages est disponible ici :

https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2019/04/dp160919_rapport_perturbateurs_endocriniens_eaux_surface_final.pdf

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